André Buet

Nous avons vu que pour les historiens, la protohistoire  se terminait dans nos régions au début de la Guerre des Gaules, soit environ 50 ans avant J-C. Cela signifie que les populations de notre Europe occidentale furent alors capables de rédiger les documents qui nous permettront de reconstituer leur histoire.

Mais sachant que le village de Montillot n’apparaît dans les documents officiels qu’au 12ème siècle, nous devons trouver des traces ou des relations d’évènements plus anciens concernant des localités proches. Nous pourrons alors imaginer ce que pouvait être la vie dans notre coin de Bourgogne au cours du premier millénaire..

D’où la méthode que nous proposons : imaginer une promenade, dans le temps et l’espace, autour du futur Montillot….

Dans le temps, le plan est facile à trouver dans les livres d’histoire :

1 – la période gallo-romaine, couvrant les 4 premiers siècles

2 – les royaumes barbares, créés par les peuplades venues d’Asie et d’Europe de l’Est, …en insistant sur le royaume de Burgondie, future Bourgogne..

3 – les rois mérovingiens, descendant des premiers rois Francs, qui prirent le dessus sur leurs rivaux à la fin du 5ème siècle.

4 – la dynastie carolingienne, créée par de hauts dignitaires qui après avoir vaincu les envahisseurs musulmans au cours du 8ème siècle, se sont emparés du pouvoir royal ; ils devront combattre de nouveaux envahisseurs, les Normands, aux IXème et Xème siècles.

Pour chaque période, nous explorerons l’espace environnant, cherchant vestiges, chroniques  et anecdotes associés à chaque lieu.

Epoque Gallo-Romaine

Il est convenu d’appeler « gallo-romaine » la période qui s’est écoulée de la conquête de la Gaule par les Romains, – terminée en 52 avant J.C. – à la fin du 5ème siècle après J.C., marquée par la fin de l’Empire romain d’Occident (en 476) et en France par l’avènement de la dynastie mérovingienne ( Clovis fut « roi des Francs «  de 481 à 511).

Sur ces 5 siècles, les 2 premiers se distinguent ; c’est la « pax romana », caractérisant la période pendant laquelle furent étendues à tout l’empire romain, dont notre Gaule, les institutions et les modes de vie de la civilisation gréco-latine.

C’est une période de stabilité et de prospérité.

Quelles traces ont laissées ces Gaulois « romanisés » dans notre région ?

Depuis le milieu du 19ème siècle, plusieurs archéologues – QUANTIN, BOUCHERON, BAUDOUIN, PARAT, PISSIER, LACROIX, NOUVEL,…- ont publié les résultats de leurs recherches dans les revues des Sociétés savantes  locales (cf Bibliographie ). Les vestiges les plus courants sont les pierres des chemins, des habitations et des monuments, ainsi que des objets de la vie domestique ( outils, pièces de monnaie…). De nombreux objets trouvés au cours des fouilles sont exposés dans les musées d’Arcy-sur-Cure, de Saint-Père, de St Jean les Bonshommes, d’Avallon. d’Auxerre et de Châtillon-sur-Seine..

Les voies de communication

Jules César a signalé la rapidité avec laquelle ses légions ont progressé en Gaule. C’est qu’un réseau routier y existait avant l’arrivée des Romains. Ceux-ci n’ont eu qu’à appliquer leurs propres normes de construction aux routes et chemins en service.

C’est Octave, le futur empereur Auguste, qui, dès avant la mort de Jules César, entreprit ces grands travaux avec l’aide de son conseiller, et futur gendre, Agrippa.

Les grands axes traversant la Gaule étaient terminés avant la fin du 1er siècle avant J.C.. La ville de Lyon (Lugdunum) a été choisie comme origine des « voies romaines », rayonnant en direction de la Méditerranée, des Alpes, de l’Atlantique, de la mer du Nord et des pays de l’Est…Ces voies devaient desservir des cités nouvelles, laissant de côté les « oppida » gaulois inaccessibles : Autun –Augustodunum-, capitale gallo-romaine des Eduens, remplacera Bibracte…

 Celle qui intéresse notre région a été appelée la « via Agrippa » ; elle devait relier Lyon à Boulogne-sur-Mer ( direction de la « Bretagne » de l’époque ), en passant par les cités qui s’appellent aujourd’hui Autun, Saulieu, Avallon, Auxerre, Troyes, Reims (alors capitale de la « Gaule belge ») et Amiens.

 Grâce aux recherches de nos archéologues et à leurs publications dans les bulletins de la Société des Etudes d’Avallon (S.E.A.) et de la Société des Sciences de l’Yonne  (S.S.Y.), nous savons depuis longtemps que , dans l’Yonne, la via Agrippa passait à – ou à proximité de…- Magny, Avallon (rue de Lyon ?), Anneot, Voutenay, Saint-Moré, – où elle franchissait la Cure -, Bazarnes, Escolives, Auxerre…

Près de Magny, on a trouvé plusieurs portions de voie, dont l’une au lieu-dit « Pas de Saint Germain » . Est ainsi évoqué à cet endroit  le passage d’un personnage éminent, évènement rapporté par un chroniqueur à la fin du 5éme siècle, Constance de Lyon. Germain, né vers 380 dans une riche famille d’Appoigny, fut nommé évêque d’Auxerre en 418. S’étant rendu en Italie à Ravenne, alors capitale impériale de l’Occident, il y meurt le 31 juillet 448. Son corps embaumé est ramené à Auxerre sur un char à bœufs, accompagné, entre autres, de cinq pieuses jeunes filles nommées Pallaye, Procaire, Magnance, Camille et Maxime. Eprouvée par la chaleur de l’été, Magnance meurt et est inhumée au bord de la voie, à l’approche d’Auxerre. Deux siècles plus tard, son squelette fut retrouvé et le village voisin prit le nom de Ste-Magnance. Deux de ses amies, Camille et Pallaye, décédées un peu plus tard dans la même région, ont donné leur nom à deux autres localités, Escolives et Ste-Pallaye.

Le professeur Pierre NOUVEL, de l’Université de Besançon, partant de tous les rapports antérieurs, et les complétant par des reconnaissances aériennes – effectuées avec J.P. DELOR -, a publié dans le bulletin 2007 de la S.E.A., une carte restituant le tracé complet des « voies antiques de l’Avallonnais »., carte reproduite ci-après avec son autorisation. Examinons-la…

La via Agrippa, N°1, la voie principale, conçue pour être rapide, traverse la région en diagonale par une suite de segments rectilignes

Nous avions déjà remarqué, – noté ici « voie N°9 » – , le chemin qui passe tout près de Montillot, à la Duite, venant directement d’Asquins et rejoignant Brosses, et qui s’appelait sur le cadastre du début du 19ème siècle, le « Grand Chemin de Mailly-la-Ville à Vézelay ».

On voit aussi la « voie N°2 », qui, venant d’Autun par Domecy et Pierre-Perthuis, suit la vallée de la Cure entre Asquins et Sermizelles… ; et une autre qui, de Blannay, monte vers l’Ouest sur le plateau et rejoint Bois d’Arcy et Brosses.

Gallo1

Une carte très ancienne des voies de communication: la « Table de PEUTINGER »

On dispose à la Bibliothèque Nationale Autrichienne de Vienne d’une copie faite au 13ème siècle par un moine de Colmar d’une « carte » romaine du 4ème siècle où figurent les routes et les villes principales de l’Empire romain…et même au-delà, vers l’Inde et la Chine. On l’appelle aussi « carte des étapes de Castirius », ou « Table théodosienne », par référence à Théodose, empereur romain du 4ème siècle.

La table complète est composée de 11 parchemins qui, mis bout à bout, forment une bande de près de 7 mètres de long sur 0,34m de large. L’échelle est exprimée, soit en milles romains ( 1478,50m), soit en «  lieues gauloises romanisées » (2222m).

Examinons la portion de « carte » ci-dessus, qui couvre notre région.

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Notre « Via Agrippa » apparaît en bas à droite, avec une ville importante (représentée avec 2 tours ; c’est Augustodunum (Autun). Un peu au dessus sur la droite, on voit Cabillione (Chalon-sur-Saône). Partant vers la gauche on trouve Sidolocus (Saulieu) à 18 lieues, soit 40 km ; puis Aballo (Avallon), Autessiodurum (Auxerre), Baudritum (Bassou), Agetincum (Sens). Un grand bâtiment thermal est représenté, appelé Aquis Segeste, non identifié.

A Auxerre, un embranchement nous emmène sur la droite de la Via Agrippa vers Eburobriga (Avrolles, village proche de St Florentin), puis Augustobona (Troyes) et un carrefour important, Riobe, identifié comme le village de Chateaubleau en Seine-et-Marne. De là, on peut rejoindre, soit Calagum (Chailly-en-Brie), soit Metegio (Melun), puis Luteci (Lutèce) et Brivaisara (Pontoise)…

Dans le coin gauche, on trouve Avaricum (Bourges) et Ebimo (Nevers ?).

Les vestiges de constructions  (habitations et aménagements, monuments…)

Les Romains appelaient en latin « villa » un domaine foncier comportant des bâtiments d’exploitation agricole et d’habitation, construits en pierre.

Des constructions plus ou moins importantes et luxueuses selon la richesse de leurs propriétaires ont donc progressivement remplacé les huttes en bois des Gaulois.

L’abbé PARAT (1843-1931) dit en avoir repéré environ 300 dans l’Avallonnais, dont 40 sur le seul canton de Vézelay. « Il y en avait », écrit-il, « partout où il y a une terre fertile et de l’eau à proximité ».

Gallo3On a donc retrouvé des vestiges dans tous nos villages. Certaines villas étaient plus luxueuses, telle la villa des Chagniats, à St Germain des Champs, avec 18 chambres, une citerne, des poteries, du marbre, une mosaïque de 9 mètres représentant des animaux et des fleurs .(Musée d’Avallon)…ou  la villa  du Moulin Colas à Quarré-les-Tombes, avec aussi des mosaïques… ou des tuiles (ci-contre).

 

 

 

Sur le territoire de la commune de Montillot et à proximité, l’abbé PARAT décrit les traces de plusieurs d’entre elles :

–       La « villa de Linières  (Crot Toubon, près de la route du Vaudonjon) », reconnue par des  « pierres debout, tuiles ( les « tegulae », tuiles romaines à rebords), poteries diverses »

–       La « villa du Saulce », « chemin du lac Sauvin, climat dit des Tuileaux ou des Pierries, ruisseau, chemin ferré allant à la Fontaine Guinant (tarie), tuiles…» (lieu dit les osiers)

–       La « villa de Tameron », tuiles …

–       La « villa des Hérodats », près de ce hameau, « tuiles, briques, poteries, meule,… »

–       La « villa de Marot », « moulin, tout le long du vallon, nappes de scories, dites ferriers ou mâchefer ».

–       La « villa du Vaux Donjon », « en bas, sur la route, tuiles, poteries, médailles, bas-relief marbre, statuette de pierre homme assis » ( à voir au musée du prieuré de St Jean les Bonshommes à Sauvigny le Bois).

–       La « villa du Champ des Eglises » tout près du Gué Pavé, côté Sud, sur le territoire d’Asquins, « étendue 5 arpents, nombreux blocs de pierre »…tuiles, poteries, colonne ornée de pampres… ». Ce site a été analysé avec précision au cours d’une Campagne française d’Archéologie aérienne à partir de 1970 (cf thèse de J.P.Delor en 1994).  P. Nouvel nous décrit  des bâtiments rectangulaires de 300 m Est-Ouest et plus de 100 m Nord-Sud, avec des systèmes d’adduction d’eau et un temple central.

Les monuments ou installations proches de la voie Agrippa

Le temple de Mercure

C’est en 1822 qu’ont été fouillées les ruines d’un temple romain, sur la colline de Montmartre, dominant de 270 mètres  le village de Vault-de-Lugny et le hameau de Vermoiron. Elles ont été décrites en 1905 par M. Ernest PETIT, historien de la Bourgogne.

Il s’agissait d’un temple dédié au dieu Mercure, de forme carrée de 15m de côté environ, où l’on a trouvé des restes de statues en pierre et en marbre (Apollon, Minerve,…) et des pièces de monnaie correspondant aux règnes des empereurs des 3 premiers siècles de notre ère. Ce monument aurait été détruit vers 375, période du « renversement des idoles », sous le règne de Valentinien.

Saint-Moré-Chora et son « camp »

C’est l’historien romain Ammien Marcellin qui, vers 350,  mentionne pour la première fois le nom de Chora ; pour désigner  une localité située sur la voie reliant  les 2 cités qui se sont appelées plus tard Autun et Auxerre. On admet aujourd’hui que ce mot, d’origine probable celtique, désignait la rivière appelée plus tard « Cure » et que les Romains ont donné ce même nom à leur place forte voisine.

C’est  au sommet de la colline de Villaucerre , à 110 mètres au-dessus de la vallée de la Cure, que l’on trouve en effet les restes d’une forteresse : muraille de 100 m de long et près de 3 m d’épaisseur avec 7 tours; fossé de 150 m de long et 10 à 15 m de large. Au-dessus, s’étend un plateau escarpé de 25 ha.

Les monnaies trouvées par l’abbé PARAT couvrent la période du 1er au 4ème siècle. Comme il a été ramassé sur le plateau des ossements, des galets, des silex, des poteries des époques de la pierre polie, du bronze et du fer, on a conclu, avec René LOUIS,  qu’il s’agit « d’une enceinte protohistorique restaurée et réoccupée à l’époque gallo-romaine », les légions romaines devant surveiller d’abord la construction de la voie, puis la circulation sur la via Agrippa. La date de la restauration des murailles est mal connue ; J.P. DELOR la situe au 3ème siècle.

Au pied de la colline et au bord de la rivière on a trouvé des vestiges de constructions de la même époque – pierres, poteries, tuiles, médailles…-. L’abbé Parat cite en particulier « la villa Cérès, dans l’enclos du château ; corps principal de 26 m de long, avec 8 salles, des dépendances bordant la Voie avec 7 chambres, une statue de l’Abondance assise (musée d’Avallon)… ». ; dans le cimetière, des tuiles, des sarcophages, une statuette de bronze de Vénus… ; un petit aqueduc, amenant l’eau d’une source de la colline voisine à une villa……

  1. Nouvel nous indique que Chora-St Moré était un poste frontière entre 2 des 4 grandes régions administratives crées par Constantin, la Lyonnaise 1ère (autour de Lyon et des vallées de la Saône et de l’Allier, donc couvrant Autun et l’Avallonnais) et la Lyonnaise 4ème (autour de Sens et Orléans). « Les Sarmates, Germains intégrés comme militaires dans l’Empire romain, protégeaient les parcours fortifiés ».On pense que vient de là le nom de Sermizelles, apparu vers l’an 1200.

Le centre sidérurgique des « Ferrières » près de Vézelay

L’abbé LACROIX, qui a organisé à Vézelay en 1968 une exposition sur ce Centre, nous l’explique dans une notice.

Le plateau situé à 4 ou 5 km au Sud-Ouest de Vézelay ( sur la commune de Fontenay-sous Vézelay) est constitué, à sa partie supérieure « de 50 mètres de calcaires marneux et de marnes … le Baljacien supérieur, dans lesquels s’intercalent de nombreux niveaux d’oolithes ferrugineuses » . L’extraction de ces pierres brunes, plus ou moins grosses, et leur traitement par fusion étaient faciles, et ont dû être effectués depuis fort longtemps. Mais une exploitation rationnelle a été organisée durant tout le 2ème siècle et au début du 3ème . Sur 25 ha, aux lieux-dits « Bois des Ferrières », « Bois du Fourneau », « Bois du Crot au Port », « Bois de la Souche Noire »…on a trouvé de nombreux vestiges de cette exploitation – 2000 ont été relevés aux Ferrières,  400 au Crot au Port…-,entonnoirs d’extraction, puits d’eau et d’argile, fosses de lavage, chemins ferriers…Après lavage, le minerai était concassé, puis mélangé au charbon de bois tiré du bois des forêts voisines, et introduit dans le four, une petite tour d’argile de 1,50 m de diamètre.. On a trouvé aussi les fondations de villas qui pouvaient servir de centre administratif., un sanctuaire au Crot au Port, avec un autel consacré au Dieu Mercure, des céramiques, des anses d’amphores venues du Sud de l’Andalousie…

Une loi romaine, la « Lex metallis dicta » réglait les conditions d’exploitation.

On a évalué à plusieurs milliers l’effectif du  personnel travaillant aux mines sur ce centre -esclaves et  prisonniers -…

Notons, – encore plus près de Montillot -, que l’Abbé PARAT a fait en 1906 une conférence intitulée « la métallurgie ancienne dans la vallée de Brosses » : il avait en effet mis en évidence des « ferriers », tas de scories tout à fait semblables à ceux de Vézelay, « tout le long de la vallée, depuis l’étang de Marot jusqu’à Vau-Coupeau ».

Et si, sur Montillot même, on ne trouve pas trace d’une exploitation ancienne, les pierres brunes ramassées dans les champs au cours des siècles sont très visibles au sein des murs de pierres sèches…

Les Fontaines salées

Nous avons déjà signalé que les premières découvertes de René LOUIS en 1934 sur ce site proche de Saint-Père portaient sur les vestiges d’un établissement thermal gallo-romain. Il a été ensuite démontré que ces sources – chaudes ( environ 15°) et très minéralisées (environ 10g par litre) – avaient été exploitées pour leur sel dès la plus haute antiquité.

Dès le 1er siècle après J.C. débuta la construction d’un établissement typiquement romain, qui fut agrandi au 2ème siècle.  La partie Nord était réservée aux hommes et la partie sud aux femmes.

On peut y reconnaître vestiaires, salles de transpiration, bains chauds par aspersion ou immersion, bains tièdes, bains froids, cour entourée de portiques (palestres) destinée aux exercices gymniques …

On pense que les « clients », aussi bien pour les bains que pour le sel,  venaient de la cité voisine , le « vicus Vercellacus » bâtie au pied de la colline du futur Vézelay  ( très probablement à l’emplacement du St Père actuel), mais aussi du centre sidérurgique des Ferrières auquel le reliait une voie directe.

Administration

N.B.  Dans la suite du texte, nous nous réfèrerons fréquemment à l’ « Histoire de France » pour rappeler les évènements nationaux qui pouvaient avoir une répercussion locale et pour préciser à chaque époque les structures administratives dont dépendaient Montillot et ses environs. Dans le souci de faciliter la compréhension des évènements rapportés, toutes les localités citées le seront sous leur nom actuel.

César, en décrivant la Gaule, partageait ses peuples en Celtes, Aquitains et Belges.

Auguste, a poursuivi sur ce modèle l’organisation en « provinces impériales » commencée avec la Narbonnaise, en y ajoutant les Gaules (Belgique, Aquitaine et Lyonnaise), avec pour capitales respectives, Reims, Saintes et Lyon. Chaque province était en principe autonome et dirigée par un légat et un gouverneur, assistés de notables gaulois.

Vers +300, Dioclétien, puis Constantin,  redivisent ces provinces en 2 à 4 parties. Notre Gaule-Lyonnaise donnera la Lyonnaise 1ère, – autour des vallées de la Saône et de l’Allier, incluant Autun, Avallon, et Auxerre, avec Lyonpour capitale-, la Lyonnaise 2ème, capitale Rouen; la Lyonnaise 3ème , capitale Tours, et la Lyonnaise 4ème, capitale Sens, comprenant Orléans et le Sud de l’Ile-de-France. Nous avons vu que St Moré devait être à la frontière de la 1ère et de la 4ème.

Les Romains encouragent la création de villes (les « urbs » gallo-romaines),  relais du pouvoir. Dès 15 av.JC, Auguste avait créé Autun (Augustodunum) « sœur et émule de Rome », avec une enceinte, des portes monumentales et un théâtre romain. Une école de rhétorique y fut fondée, et, très tôt, y sont venus des étudiants de tout l’Empire.

L’« urbs » assurait le contrôle politique et religieux d’un territoire appelé  « civitas », la cité. La carte des voies romaines  présentée dans le texte ci-dessus, indique les limites approximatives des « cités » d’Auxerre et d’Autun. On voit que dans notre région la « ligne-frontière » moyenne irait de Châtel-Censoir à Joux-la-Ville, en passant par Bois d’Arcy et St Moré.

En fait, la ville proche la plus importante a d’abord été Sens (*) ( un aqueduc y allait chercher l’eau de la ville dans la vallée de la Vanne).

Auxerre, bourgade gauloise sur les bords de l’Yonne ( « Dea Icauna »), a pris de l’importance lorsqu’elle a été traversée par la voie Agrippa, si bien qu’elle fut détachée de la cité de Sens vers l’an 300 par Dioclétien, et érigée en chef-lieu de cité (« Autessiodurum »).

Le « pagus » (devenu plus tard le « pays ») était une circonscription de la « cité »,  proche en surface de notre « canton ». Un exemple :  le « Pagus Avalensis » autour d’Avallon, à l’intérieur de la cité d’Autun. Sur son socle granitique, « Aballo » – nommée ainsi sur une monnaie des Eduens – fut auparavant un « oppidum » ( ou un simple « castrum » ?) gaulois. Au cours de travaux d’adduction d’eau en 1848, on a mis au jour dans les tranchées de la rue qui allait de la Tour d’Horloge à la place du Marché, cinq tombeaux de pierre avec des monnaies du Haut Empire (Auguste et Tibère).

D’après BAUDOUIN, le pagus d’Avallon s’étendait,-  sur la carte actuelle de notre région -, de Noyers à Corbigny et de Rouvray à Châtel-Censoir. Ce dernier village était alors un autre « castrum » de la région.  E.PALLIER nous l’explique : il « est situé sur une espèce de promontoire abrupt, entre 2 vallées profondes, celle de l’Yonne à l’Ouest et celle du ruisseau d’Ausson à l’Est ; ces deux cours d’eau, en se réunissant au pied de la montagne, forment la défense naturelle du fort » …dont il ne reste qu’une grosse tour et des pans de vieilles murailles ». Des monnaies de toutes les époques ont prouvé un séjour prolongé des Romains depuis les premiers empereurs.

A l’intérieur du « pagus », on trouvait de petites agglomérations rurales appelées « vici »  – « vicus » au singulier -,  constituées souvent autour d’une riche villa, dont le nom du propriétaire était joint à celui du « vicus ». Exemples:  le « Vicus-Vercellacus » – futur Saint-Père -, et le « Vicus-Scoliva » – futur Escolives, village déjà cité, situé à 10 km au Sud d’Auxerre, où l’on a découvert à partir de 1955 des vestiges datant du néolithique jusqu’à la période mérovingienne -.Tous les deux avaient leurs thermes…

La Gaule étant intégrée dans l’Empire romain, son sol est devenu propriété du peuple romain (« ager publicus »). Les Gaulois indigènes payent l’impôt ; l’ensemble du territoire a donc été cadastré dès le premier siècle.

Agriculture

Les Romains ont apporté avec eux leur organisation et les traditions issues de plusieurs siècles d’expériences au Moyen Orient  (particulièrement des Egyptiens et des Chaldéens).

Selon l’abbé PARAT d’après PLINE, «  les Gaulois avaient la charrue (« araire ») et connaissaient la chaux en amendements ». Avec les Romains, ils ont ajouté le soc en fer,  utilisé les engrais verts et mis en place la rotation biennale des cultures.

Selon le Romain PALLADIUS dans son traité « opus agriculturae », ils moissonnaient sur les terrains plats du Nord-Est de la Gaule avec des « vallus », chacun de ces véhicules étant poussé par un bœuf et constitué d’un plateau sur roues muni à l’avant de dents à hauteur des épis.

On a recherché les traces les plus anciennes de culture de la vigne dans la future Bourgogne.

Les Grecs auraient introduit cette culture en Gaule dès la fondation de Marseille, vers -600 av JC ; culture longtemps limitée à la proximité du littoral. Mais le vin, amené en grande quantité par voie maritime dans toute la Gaule par des marchands venus des cités étrusques, était aussi très apprécié par les riches Gaulois…et payé soit en deniers soit par échange d’esclaves ( une amphore pour un esclave, d’après Diodore de Sicile !). Après la conquête, la production s’accrut, mais concurrençant les vins italiens, elle  fut interdite par l’empereur Probus en  92 ap JC. Il fallut attendre 2 siècles – vers 280 ap JC-, pour que Domitien, devant la menace d’invasions barbares flatte les Gaulois en autorisant à nouveau la plantation de vignes . D’où le développement des vignobles dans le Languedoc, le Bordelais, la vallée du Rhône et jusqu’à la région parisienne.

Les Gaulois ont amélioré les techniques de vieillissement, les tonneaux et les cuves en bois de chêne remplaçant peu à peu les amphores.

Une allusion à un vignoble proche de la vallée de la Saône apparaît dans un discours prononcé vers 310 par Eumène, un rhéteur romain : il parle du « Pagus Arebrignus », où des vignes ont été dévastées lors des invasions barbares, vignes qui s’étendaient dans la plaine jusqu’à la Saône. Ce « pagus » a été reconnu comme situé dans la zone actuelle de Nuits et Beaune.

Et au 6ème siècle, Grégoire de Tours, évêque et historien, parlant de Dijon – alors « Divio », métropole des Lingons, écrit ;: «  du côté de l’Occident sont des montagnes très fertiles, couvertes de vignes ».

Gallo4A Gevray-Chambertin en 2008, des fouilles ont fait apparaître la trace de 120 ceps, et de nombreux pépins conservés et identifiables.

Plus près de nous, à Escolives, un bloc de pierre couvert de frises représente des vendangeurs ailés, l’un d’eux disposant des grappes dans un panier d’osier. On y reconnaîtrait le cépage du « plant de César », qui existe encore aujourd’hui. La région d’Auxerre était donc déjà connue pour ses vins.

A Vézelay, en 1689, on aurait trouvé sous l’église St Etienne les vestiges d’un temple dédié à Bacchus, et à  Asquins, un sarcophage décoré de pampres et de grappes. Au musée d’Avallon, on peut voir des raisins ornant des monuments funéraires des 1er et 2ème siècles.

Les premiers chrétiens vivaient au 1er siècle en Palestine, province romaine peuplée surtout par des Juifs. A la suite des « Apôtres » propageant la « Bonne nouvelle » écrite vers la fin du 1er siècle dans le « Nouveau Testament », ils se dirigent vers l’Ouest .S’organisant en groupes structurés, ils créent des « églises » locales à Antioche  – dont Pierre aurait été le premier évêque -, Damas, Césarée…puis ils gagnent Rome. Les Romains, jusque là assez tolérants à l’égard des autres religions, s’irritent de voir les Chrétiens refuser de participer au culte impérial. On méprise une religion qui se répand d’abord parmi les pauvres et les esclaves…Tacite, sénateur romain et historien, les accusait de « haine pour le genre humain ». Pourtant, malgré les persécutions, le christianisme continue à se diffuser.

Au début de l’occupation  , les Gaulois avaient adopté les Dieux romains. Et pourtant, c’est dans les centres de la religion d’Etat que se propage la nouvelle religion : Lyon, Autun, Bordeaux…

Une communauté chrétienne aurait existé dès 177 à Autun. La même année, Pothain, plus de 90 ans, venu de Smyrne, premier évêque de Lyon, la jeune esclave Blandine, et leurs compagnons auraient été arrêtés et martyrisés sur l’ordre deMarc-Aurèle. Le prêtre Irénée, lui aussi de langue et de culture grecque, lui a succédé. Théologien, il s’est consacré à la formation de missionnaires pour l’évangélisation de la région, créant en particulier les diocèses de Vienne et Besançon. Lui aussi aurait été martyrisé à Lyon vers 202, victime d’un édit de persécution de Septime Sévère.

Des « vagues » de persécutions sont signalées en 257 et 288 sous Valérien, et en 303 sous Dioclétien.

Dans nos régions, on cite  le martyre de Reine, qui faisait paître ses moutons au pied du Mont Auxois, et fut suppliciée par le consul Olibrius en 253 celui d’Andoche, tué en 177 avec ses compagnons sur la route de Saulieu, et devenu « patron » de cette ville ;…en 274, celui de Colombe, qui avait fui l’Espagne à cause des persécutions et rejoint la communauté chrétienne de Sens  …toujours à Sens, deux évêques successifs venus de Rome, Savinien, décapité à la hache, et Potentien, exécuté en 241Ce dernier devint « patron » de Châtel-Censoir où il aurait précédemment accompli des miracles..…En 303, Pèlerin, citoyen romain venu évangéliser Auxerre, fut martyrisé à Entrains ; il avait élevé la toute première église de sa ville.

Après Dioclétien, Constantin ne prit le pouvoir qu’après une longue période d’anarchie. Selon la tradition chrétienne, après des songes prémonitoires et des visions, il accorda en 313 par l’Edit de Milan la liberté de culte « aux chrétiens et à tous les autres »… « de telle sorte que ce qu’il peut y avoir de divinité et de pouvoir céleste puisse nous être bienveillant ». Il reçut le baptême sur son lit de mort en 337.  L’un de ses successeurs, Théodose 1er, institua en 380 le christianisme comme seule religion officielle, et interdit les cultes païens

Des évêques s’installent dans chacune des cités de l’Empire et y établissent leur siège. Les conciles de Nicée en 326 et de Chalcédoine en 451 ont recommandé de faire coïncider les limites des diocèses et des circonscriptions civiles.

Nota ; il est intéressant de constater le respect de ce principe au cours des siècles suivants ;  la frontière approximative des cités eduens d’Auxerre  et Autun présentée plus haut sur la carte des voies romaines, reste sensiblement la même pour les diocèses au 5ème siècle et les comtés du 9ème…Et aujourd’hui, nous constatons que Châtel-Censoir, Brosses, Montillot, Voutenay, Blannay, Sermizelles, font partie de l’arrondissement d’Avallon…tandis que les communes limitrophes vers le Nord, Merry, Mailly-la-Ville, Bois d’Arcy, Arcy …sont dans l’arrondissement d’Auxerre.

Fin de la « paix romaine ». Révoltes et  invasions. Fin de l’Empire romain

A partir du 1er siècle, les cours supérieurs du Rhin et du Danube ont constitué  la frontière entre la Gaule romaine et les peuples germaniques. Ceux-ci, tribus peu évoluées , batailleuses et souvent rivales, se déplaçaient sans cesse  en quête de terres nouvelles.

Dès le 2ème siècle, Marc-Aurèle, empereur de 161 à 180 ( et aussi philosophe stoÏcien !), avait dû combattre les Parthes qui avaient envahi les provinces orientales de l’Empire, puis d’autres peuplades qui menaçaient le Nord de l’Italie.

Des fortifications ont été construites  aux frontières,- formant le « limes » de Germanie – (qui s’est étendu jusqu’au Nord de l’Angleterre), quelquefois défendu avec l’aide de tribus voisines qui avaient accepté de se « fédérer » avec l’Empire romain.

Au début du 3ème siècle, ce sont les Alamans qui menacent le limes de Germanie à la charnière entre Rhin et Danube. ; ils sont repoussés par Caracalla en 236..

En 258  (ou en 276 ?…), ils franchissent à nouveau le limes Rhin-Danube, débouchent par les Vosges, le Jura et les Alpes, et « lancent des raids dévastateurs en Gaule, Espagne et Italie ». C’est à cette époque qu’Auxerre a été incendiée et pillée, et que nos historiens situent la destruction des établissements thermaux des Fontaines Salées. ( Au siècle suivant des paysans « sauniers » exploitent le sel par évaporation et préparent des saumures, mais les thermes ne sont pas remis en service ).

Les paysans s’enfuient dans les forêts des alentours. Les plus aisés enfouissent leur petite fortune, qu’ils n’ont jamais pu  récupérer, d’où les « trésors » rétrouvés beaucoup plus tard…

Dans la même période, Autun subit un siège de 7 mois et fut détruite ; selon les sources, auraient été impliqués, soit Victorinus, un officier romain ayant usurpé le titre d’empereur, soit les Bagaudes, bandes de brigands, de soldats déserteurs et de paysans révoltés contre la pression fiscale… Constantin a fait reconstruire la ville au siècle suivant

Le rhéteur Eumène évoque en 297 dans les campagnes au Nord d’Autun « ruines, terres en friche, vignes abandonnées ».

Les campagnes se sont  succédé aux 3ème et 4ème siècles pour refouler les envahisseurs, mais à la fin du 4ème, « l’Empire va succomber sous un assaut généralisé ». Les Huns, venant d’Asie Centrale, franchissent la Volga vers 374 et refoulent vers l’Ouest les peuples germains, les Wisigoths venant d’Asie Mineure, puis les Francs, les Burgondes, les Vandales, les Alains ; les Suèves qui franchissent le Rhin gelé en décembre 406.

En 451 les Romains et les Germains – essentiellement Wisigoths, Burgondes et Francs (conduits, dit-on, par Mérovée)  – unissent leurs forces sous le commandement d’Aetius et repoussent les Huns aux Champs Catalauniques, près de Troyes. Auparavant, Attila avait ravagé tout le Nord de la Gaule, incendié Metz, détruit Reims, saccagé Auxerre, mais abandonné devant Paris et Orléans.

Cependant le pouvoir impérial s’affaiblit ; depuis 395, l’Empire romain était en 2 parties, Orient et Occident.

Les Germains se sont intégrés de plus en plus dans les populations. Fournissant des soldats, ils ont obtenu des fonctions importantes dans l’administration et dans l’armée romaines.. Les empereurs commencent par quitter Rome pour Ravenne, et en 476, un chef germain devenu général romain, Odaocre, dépose le dernier empereur Romulus Augustule.

 

Les « royaumes barbares »

 

« Sur les ruines de l’Empire romain d’Occident sont apparus des royaumes fondés par les Germains » .(Hist. Girard). Ces peuples, qui avaient leurs propres rois, ont pris de plus en plus d’importance et l’Empire leur a progressivement abandonné les territoires qu’ils occupaient : la Gaule du Nord-Est aux Francs, le sillon Rhodanien, entre la Loire et la Suisse, aux Burgondes, l’Aquitaine et l’Espagne aux Wisigoths, Alsace et Suisse aux Alamans, Italie aux Ostrogoths…. Dans le Nord-Ouest de la Gaule, entre Loire et Somme, « règnait » Syagrius , un général romain.

Gallo5
En 481, Clovis, petit-fils de Mérovée, devient roi des Francs Saliens. N’hésitant pas à éliminer  les obstacles par tous moyens, et disposant de troupes aguerries, il réussit en 30 ans à agrandir considérablement son royaume, annexant après combats le royaume de Syagrius et une partie de celui des Wisigoths ( jusqu’aux Pyrénées), et repoussant Burgondes et Alamans.Après 476, ces royaumes deviennent autonomes…et donc rivaux

Entre 492 et 500, il épouse Clotilde, princesse burgonde chrétienne, et il reçoit lui-même le baptême vers l’an 500. Il aura par la suite le soutien des évêquesIl est mort en novembre 511 à 45 ans

Au commencement était la Burgondie …

Pline l’Ancien localisait le peuple burgonde au 1er siècle près de l’Oder et de la Vistule. C’est un peuple Arien.

Attaqués par un peuple voisin vers 250, les Burgondes partent vers l’Ouest. En 270, ils sont sur l’Elbe. Au 4ème siècle, ils séjournent dans la vallée du Main, et s’allient aux Romains contre les Alamans.

En 407, ils participent à l’invasion de la Gaule, et aux saccages des villes de Mayence et Worms, mais ils restent ensuite près de la rive gauche du Rhin, de Mayence à Strasbourg.

Entretenant des relations étroites avec les Romains et les nobles gaulois locaux, ils auraient reçu en 413 une zone située près du Rhin (par « foedus », traité signé avec Rome).

Mais vers 437, leur armée est anéantie, probablement par les Huns ; les survivants sont accueillis près de Genève, et en 443 un territoire plus important situé autour du lac Léman ( la « Sapaudie », « pays des sapins », future Savoie) leur est confié par Aetius, avec le statut de « peuple fédéré » et la mission de défendre la frontière contre les Alamans.

Les chefs des Burgondes sont alors deux frères, Gondloc et Chilpéric l’Ancien, rois tous les deux et installés à Genève.

En 451, les Burgondes ont participé à la bataille des Champs Catalauniques et à la victoire sur les Huns.

Gallo6Vers 457, à la suite de négociations avec des sénateurs gaulois qui cherchaient à se soustraire à l’autorité vacillante de l’Empire romain, et après s’être assurés de la non-opposition de Théodoric, roi des Wisigoths,  les deux rois étendent notablement le territoire burgonde, vers le Nord en prenant les cités de Lyon, Chalon, Autun, Besançon, Langres, vers le Sud avec Grenoble, le Valais et la Tarentaise.

Une deuxième « vague », dont les circonstances restent « floues », eut lieu de 469 à 475 et aboutit à l’extension du territoire burgonde vers Valence, Orange, Avignon, Cavaillon, Gap, Embrun, Sisteron…

Vers 470, la royauté burgonde est partagée entre deux frères, Gondebaud, siégeant à Lyon, pour la partie Sud et Gondegisèle, siégeant à Genève, pour la partie Nord.

Vers 500, Godegisèle obtient l’aide de Clovis, roi des Francs pour combattre son frère et s’emparer de son royaume. Une bataille a lieu sous les murs du castrum de Dijon. Gondebaud, d’abord battu, s’enfuit à Avignon, dont Clovis fait le siège; mais s’étant allié entre temps au roi des Wisigoths, il sort finalement vainqueur et tue son frère.

Devenu seul maître de la Burgondie, il se rapproche de Clovis. Là se situe un évènement local, évoqué ci-dessous…

La rencontre entre Gondebaud et Clovis 1er sur la Cure

Cet évènement nous est révélé comme un épisode de la vie de Saint-Eptade (« Vita Eptadi ») ; Eptade , d’abord fonctionnaire de la ville d’Autun, devint prêtre  et se consacra aux pauvres et aux prisonniers. Sa conduite édifiante avait attiré l’attention de Clovis. D’après la traduction de K ;Escher dans son ouvrage « les Burgondes » , « … A l’époque où sur les bords du fleuve Cure deux rois puissants se réunissent pour faire la paix, ….le très excellent roi des Francs Clovis demanda au roi Gondebaud de lui accorder d’ordonner évêque pour sa cité d’Auxerre ce très saint homme Eptade… »

Selon la coutume, la rencontre aurait eu lieu «  aux limites respectives de leurs royaumes entre les évêchés d’Auxerre et d’Autun »…et sur une île ( ?) de la Cure , d’après l’ouvrage intitulé « Clovis, l’homme ». de Claude Begat, auteur moderne de « récits historiques ». ,On pourrait donc situer cette rencontre sur notre rivière , quelque part entre Arcy et Voutenay, vers l’an 500…

 Selon certains historiens, la conversation aurait aussi porté sur d’autres sujets plus importants, – conflits frontaliers, projets d’alliances…-. Quant à Eptade, il aurait refusé par modestie la fonction d’évêque, serait parti dans la forêt et aurait créé le monastère de Cervon, près de Corbigny, dans la Nièvre…

Suite et fin de l’histoire de la Burgondie

Notons que vers 495 ( à quelques années près selon les auteurs…), Clovis avait épousé Clotilde, nièce de Gondebaud. C’est elle qui remplace l’oratoire où Germain avait choisi de reposer à Auxerre en 448 par une abbaye qu’elle lui dédie.

En 507, Gondebaud est allié à Clovis  dans sa campagne contre les Wisigoths. Après leur victoire à Vouillé, près de Poitiers, l’immense territoire des Wisigoths tombe aux mains du roi des Francs. Clovis et Gondebaud arrivent à Toulouse au printemps 508.

Mais après d’autres combats, la Provence, visée par Gondebaud, reste aux mains de Théodoric, roi des Ostrogoths ( qui occupent alors le Nord de l’Italie).

A l’intérieur de son royaume, Gondebaud a toujours cherché à rapprocher les deux ethnies, burgonde et gallo-romaine. La « loi Gombette » au début des années 500, établit les règles d’ « hospitalité », le mode de répartition des terres et se distingue particulièrement par l’hommage rendu à l’autorité de la mère.

Clodomir, fils de Clovis, sur un fond de querelles familiales et dans un esprit de vengeance suite à des assassinats antérieurs, attaque Sigismond, fils de Gondebaud (mort en 516), mais il est tué dans l’Isère en 524. Ses frères reprennent la guerre et en 534, le royaume des Burgondes s’écroule et est partagé par les Francs entre trois frères, Théodebert, Childebert et Clotaire. La partie au Sud de Grenoble est annexée par les Ostrogoths…

Pour les historiens, la cohésion entre les deux ethnies était devenue telle qu’un «état d’esprit bourguignon» s’était créé.

Le royaume burgonde s’était évanoui, mais la Bourgogne était née.

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