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Nous avons situé le village actuel de Montillot dans son cadre géologique.
Sur un socle rocheux constitué de dépôts marins datant de l’ère secondaire (« jurassique moyen »), on a vu comment se sont constituées, une plaine cultivable ( la « Plaine de la Chally » et « la Canne »), ainsi que les collines boisées proches (« Perruches » et « Crot Blanc »).
Nous avons rappelé que nos ancêtres « biologiques » vivaient il y a 2 millions d’années, et qu’avaient été trouvées dans la région proche des traces de vie humaine datant de plusieurs dizaines de milliers d’années. Comme le rappelait Fernand BRAUDEL, « l’Histoire, telle que nous la connaissons, n’est même pas la millième partie de l’évolution humaine considérée dans toute sa durée »
Même si nous nous limitons aux 3000 dernières années, nous pouvons affirmer que des dizaines de milliers d’individus ont piétiné le territoire de ce qui s’appelle aujourd’hui MONTILLOT…
Ils y ont vécu, c’est-à-dire qu’ils y ont travaillé pour subvenir à leurs besoins vitaux, qu’ils y ont lutté pour défendre leur existence, qu’ils y ont souffert, qu’ils y ont aimé …
Vivant dans des groupes de mieux en mieux organisés, ils en ont élaboré, appliqué ou subi les règles du « vivre-ensemble », d’abord tribales, puis seigneuriales, puis provinciales et ensuite nationales.
Ces règles ont eu des conséquences sur le comportement de chacun, et sont à l’origine d’évènements locaux. Des conflits sont survenus, entre individus, entre tribus, entre châtelains, – chevaliers, barons, comtes ou ducs provinciaux, puis entre états, entraînant des actes de brigandage, des guerres, des invasions, des révolutions…dont le petit peuple de nos villages ne pouvait que souffrir.
Des accords et des alliances ont aussi été conclus.
Ces évènements ont été souvent mentionnés dans des écrits., et cela d’une manière de plus en plus précise au cours des 2 derniers millénaires.
C’est à partir de ce constat que quelques habitants du village, nullement historiens de formation, – et en l’absence de participation notable de Montillot à l’Histoire nationale -, ont voulu retrouver ces documents en fouillant dans les dossiers administratifs archivés à tous les niveaux, municipalités, préfectures et Etat. L’objectif était de déceler des évènements locaux – c’est-à-dire qu’ils ont eu lieu dans un rayon maximum de 10 à 20 km – à portée de marche d’une journée …-, de les décrire et de les rapporter au contexte politique provincial ou national de l’époque
A partir de ces travaux, une vingtaine de documents étaient déjà redigés en 2012, et ont été publiés sur un site Internet privé créé par l’une des chercheuses (www.montillot89.net46.net/ ).
D’autres recherches pourront être effectuées, grandement facilitées par la numérisation généralisée des documents édités dans le passé.
…Et ,- de la même façon que s’exprimait l’abbé PARAT à propos de Bois d’Arcy, et de la notice qu’il avait rédigée -, « c’est ainsi que Montillot aura une histoire, si l’on peut donner ce nom à quelques glanures »…
Mais il y a une période initiale où, l’écriture n’existant pas, aucun document ne raconte la vie de nos « Anciens ». Heureusement, ils ont laissé des traces, – cendres de foyers, tas de pierres …- fabriqué des objets, des outils abandonnés sur place ou posés dans leurs tombeaux, peint ou sculpté les murs des cavernes… Seul, l’examen détaillé de ces indices par d’éminents spécialistes a pu nous apprendre comment vivaient ces peuplades. Nous avons donc rapporté leurs conclusions.
1- Les grottes d’Arcy sur Cure
Les vestiges les plus connus dans notre région sont ceux des grottes d’Arcy-sur-Cure, situées à 9 km au Nord-Est de Montillot. dans une boucle de la Cure, creusées dans un massif calcaire, la « barrière corallienne », qui, à cet endroit, borde le Bassin Parisien
Ces grottes ont servi de refuge aux premiers hommes, – « chasseurs-nomades » -, soit contre le froid en période glaciaire, soit contre les animaux sauvages, depuis au moins 200 000 ans..
Buffon , homme de sciences et de lettres, – l’un de nos « voisins », né à Montbard en 1707… -, les aurait visitées en 1740, mais c’est l’abbé PARAT (1843-1931), archéologue et historien régional, qui y a entrepris les premières fouilles « scientifiques » en 1894
Le préhistorien André LEROI-GOURHAN (1911-1986) – dont le nom a été donné au collège de Vermenton – les a reprises de 1947 à1963. Il a découvert des gravures sur les murs de la Grotte du Cheval, mis en évidence 11 niveaux d’occupation dans la Grotte du Renne…, tandis que son épouse Arlette, – décédée en 2005 à Vermenton -, a mis au point dans son laboratoire du Musée de l’Homme, des méthodes d’analyse des pollens enfouis (la « polynologie archéologique »).
Les équipes de chercheurs ont observé une progression des techniques de fabrication des outils et des ornements , à partir des Néanderthaliens, présents depuis 250 000 ans, influencés plus tard par les « HOMO SAPIENS » qui, venus d’Afrique de l’Est, ont commencé à coloniser l’Europe de l’Ouest vers « moins 50000.» ( soit 50000 ans avant J-C). On a ainsi pu analyser à Arcy la période de transition correspondante, entre -40000 et -30000, le « Châtelperronien ».
Les recherches ont été poursuivies – et le sont encore aujourd’hui – par des disciples de Leroi-Gourhan, Dominique RAFFIER, Michel GIRARD et leurs équipes, rattachés auCNRS-CEPAM de Valbonne-Sophia-Antipolis.
Après un décapage malencontreux en 1976, des peintures ont été découvertes dans la Grande Grotte en 1990, datant de -27000, et représentant, non seulement des « mains négatives », mais des animaux rencontrés par les chasseurs de l’époque : mammouths, ours, félins, bouquetins chevaux, oiseaux et poissons…
A partir de 1997, a été mise au point une méthode d’abrasion par « fraise diamantaire » de la couche de calcite couvrant les parois et pouvant atteindre 5 mm d’épaisseur. On a ainsi fait apparaître un « mammouth rouge » dans la Salle des Vagues (voir ci-contre)
Les « âges » de la Préhistoire
La période couverte par ces recherches dans les grottes d’Arcy est classée par les spécialistes « âge de la pierre taillée », ou « paléolithique », expressions évoquant le type d’outils utilisés par nos ancêtres « chasseurs-nomades ».
Avec ces outils, ils s’aventuraient dans les plaines voisines. L’abbé PARAT, dans son « étude sur le village de Bois d’Arcy », – dont il fut prêtre de 1895 à 1919 –, signale qu’on « a récolté un peu partout, quantité d’éclats de silice et de calcaire siliceux, mais surtout au voisinage des fontaines de Tameron ».
On situe entre -10000 et -9000 la période où les hommes sont devenus dans nos régions « agriculteurs-éleveurs ». C’est le « néolithique » ou « âge de la pierre polie ».
Cette évolution serait liée à l’adoucissement du climat dû à la fin d’une période glaciaire, dite de Würm ( -20000 à -10000) . Elle s’était produite plus tôt au Moyen-Orient, dans le « Croissant fertile », un climat tempéré y ayant permis la culture de céréales et la domestication des animaux ( moutons, chèvres…).
Cette période semble avoir laissé peu de traces dans nos campagnes.
Elle a été suivie par « l’âge des métaux ».
Il faut savoir qu’on travaillait déjà les métaux en Asie au temps de la pierre polie en Europe occidentale. Le cuivre et le bronze étaient utilisés en Egypte 4500 ans avant J-C.
Les échanges commerciaux de proche en proche, les déplacements des peuplades à la recherche de terres fertiles, ont amené ces découvertes dans nos régions…3000 ans plus tard !
Les progrès de la métallurgie sont liés à l’usage du feu. Le cuivre fond à 1080 degrés et on peut alors le faire couler dans des moules. En ajoutant de l’étain, on obtient le bronze, qui fond à 900°, est plus dur que le cuivre et permet de fabriquer des armes. Le fer fond vers 1500°, mais on peut le forger , c’est-à-dire lui donner la forme souhaitée par martelage, entre 600 et 900°.
On cite comme exploités à ces époques des gisements de minerai de cuivre en Slovaquie et à Chypre, d’étain en Espagne, Bohême et Pays de Galles, d’or en Transylvanie..
On situe « chez nous », – et très approximativement -, l’âge du cuivre vers -2500, l’âge du bronze de -1800 à -700 et le début de l’âge du fer vers -1000.
La découverte de « caches de fondeurs de bronze » – à Arcy sur Cure en 1875, à Mailly-le-Château puis à Sermizelles en 1955 -prouve que cette activité était développée dans notre région.
D’après un article du « Bulletin de la Société Préhistorique française » (Vol.97- année 2000), les 2 dépôts de Sermizelles ont été découverts en 1955 dans une sablière, sur la rive droite de la Cure, au lieudit « Côteau de la Varenne ». Un inventaire précis a été dressé en 1959 : on a recensé plus de 200 objets, dont 65 haches, 13 pointes de lances, 56 bracelets, 10 déchets de fonderie…Ils ont été déposés au musée d’Avallon. La signification de tels dépôts serait variable, selon qu’il s’agit de dépôts funéraires – donc associés à certains rites -, ou non funéraires – stockages d’invendus à l’abri des pillages -…
On qualifie cette « période des métaux » de « protohistorique », car elle se situe entre « préhistoire » et « histoire », l’ « Histoire » étant caractérisée par l’usage de l’écriture, qui n’apparaît pas simultanément dans toutes les régions.
2- Le site archéologique des Fontaines Salées à Saint-Père
A 9km au S-E de Montillot, 2km après le village de Saint-Père, au pied de la colline de Vézelay, se trouve un site remarquable, car il présente des traces continues de l’activité humaine sur 4000 ans.
Il paraît évident que les premiers hommes, dès qu’ils ont piétiné ce terrain sableux proche de la Cure, ont été attirés par l’émergence d’eau tiède, salée et quelquefois bouillonnante, et ont cherché à l’utiliser.
Les découvertes se sont succédées sur ce site au milieu du 20ème siècle…
Dans une sablière voisine, on trouvait en avril 1930 une dent de mammouth de 1 m de long.
En 1937 et 1938, avec le Pr DAUVERGNE, il découvre plusieurs sépultures espacées de 2 m (voir plus loin les « champs d’urnes »)..En 1934, le Professeur René LOUIS (1906-1991), médiéviste né à Auxerre, cherchait au voisinage de la colline de Vézelay le site de la bataille de Vaubeton, où Gérard de Roussillon aurait battu Charles le Chauve d’après une chanson de geste ;il est tombé par hasard sur les vestiges d’un établissement thermal gallo-romain.
Les fouilles reprennent en 1942, dirigées par l’abbé Bernard LACROIX, curé de Domecy-sur-Cure, formé par l’abbé JOLY, archéologue-préhistorien de la Côte d’Or et par l’abbé PARAT.
Cette campagne de fouilles a duré jusqu’en 1962.
Au cours de cette période, on a exhumé dans ce terrain d’environ un hectare :
– Les restes d’une station préhistorique de l’âge de pierre.
– Des installations de captage et de cuvelage des sources minérales.
– Un sanctuaire protohistorique de l’âge du fer.
– Des thermes gallo-romains
Captage des sources
Quelques détails s’imposent sur ces puits vieux de plus de 4000 ans.
Ils étaient constitués par des troncs de chêne évidés, de diamètre 80 cm, enfoncés de 1m dans le sable alluvionnaire ; 19 puits ont été identifiés. Le bois étant bien conservé on a pu en évaluer l’âge à partir de 2 méthodes (cf V. BERNARD- CNRS–Rennes), le Carbone 14 et la dendrochronologie(étude des cercles qui apparaissent dans la structure du tronc coupé transversalement). ;les résultats concordent => -2200 à -2300. Ils semblent avoir fonctionné jusqu’à -1400, puis auraient été abandonnés puis repris à l’âge du fer, avec exploitation du sel.
Au premier siècle avant notre ère, les captages ont été entourés d’une enceinte circulaire, qui marque le caractère sacré du lieu.
3 – L’arrivée des Celtes
I – Quelles marques ont-ils laissées?
Vers 800 avant J-C, les premiers Celtes venant du Sud de l’Allemagne actuelle (après l’Europe de l’Est), pénètrent dans l’Est de la France.
Pour bien marquer l’évolution différente selon les régions, non seulement de la technique, mais aussi de la pensée humaine, notons que vers ce même temps, – moins 800 -, Homère écrivaitl’Odyssée, …et que 400 ans plus tard, le philosophe PLATON, étudiant le comportement d’Ulysse, héros de cette grande fresque, tel que décrit au cours de ses 20 ans d’exil, le présente comme le premier « grand sage grec »…(cf « La naissance de la philosophie » par Luc FERRY)
Les Celtes, quant à eux, auraient possédé un langage, des lois, des coutumes, une religion…, mais pas l’écriture.
Comme les Gaulois de l’époque romaine, ils nous sont donc connus par les auteurs grecs et romains (Hérodote, César…).
Croyant à une forme de vie après la mort, ils enterraient leurs guerriers avec leurs armes et des objets en bronze, sous des tas de pierres atteignant parfois plusieurs mètres de diamètre et de hauteur, les « tumuli » ( mot latin du singulier « tumulus » ; en français on écrit souvent « tumulus » au pluriel !).
Dans les zones restées incultes et boisées depuis des siècles, on retrouve aujourd’hui encore les restes de ces amas de pierres, enfouis dans des broussailles, couverts de lierre et de ronces.
Ailleurs, ils ont été dispersés pour permettre la culture, et les pierres récupérées pour faire des murs, des cabanes , ou mises de côté en simples tas appelés « mergers ».
Mais il faut observer aussi que dans de nombreux cas, les « mergers » n’ont jamais servi de tombeaux !
II – Les nécropoles celtiques de notre région
a- les tumulus
C’est le Professeur Pierre NOUVEL, de l’Université de Besançon (UMR 6249- Chrono-Environnement, qui a attiré notre attention sur les découvertes de tumulus faites au 19ème siècleautour de Montillot.
Il avait publié dans le bulletin 2007 de la Société des Etudes d’Avallon (S.E.A.), un article intitulé « les voies antiques de l’Avallonnais – apport de l’histoire et de l’archéologie ».
Il y avait identifié, entre autres, celle qu’il appelle la voie N°9, reliant Vézelay à Mailly-la-Ville ; il écrit à son sujet : « depuis Asquins, le tracé se poursuit vers l’ouest, sous un chemin qui se détache de la RD123 pour gravir la côte de la Perrière, longeant le village de Montillot par le Sud. Le chemin poursuivait sa route par la Collerette (nécropole préhistorique), bas de Dîne-Chien (idem) et Brosses. »
Cette voie, dont parle Mr NOUVEL, nous la connaissons bien ; elle a été en service jusqu’au milieu du 19ème siècle. Appelée « Grand chemin d’Auxerre à Vézelay au 15ème siècle, et relevant de la Justice royale, et « Grand Chemin de Mailly-la-Ville à Vézelay » sur le cadastre napoléonien de1819.
Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un chemin empierré, entretenu dans les seules portions encore utilisées par des riverains, et difficilement praticable par un véhicule dans les autres parties.
Il longe le centre équestre de la Croix-des-Bois, puis le Bois du Fège vers la Duite, se confond avec la route de Fontenilles jusqu’au Mont Ciboule, puis avec le chemin rural qui va vers Brosses à travers le bois de la Collerette…
Mais où sont donc ces 2 nécropoles que cite Mr NOUVEL ?
Jusqu’à ce jour , nous ne connaissions que les « tumulus de Rochignard », trouvés en 1879 par les cantonniers de Montillot qui cherchaient des pierres, tumulus ensuite fouillés et décrits par Mr F. CUVIER dans le bulletin S.E.A. de 1880. A côté des ossements, on avait trouvé des fibules, des torques et des bracelets de bronze et de fer.
Monsieur NOUVEL a bien voulu nous communiquer ses sources : il s’agit d’articles parus dans les bulletins de la Société Académique de l’Aube en 1859 et de la Société des Sciences de l’Yonne (B.S.S.Y.) en 1880 et 1881. L’auteur en fut principalement Mr Emile PALLIER, historien de Châtel-Censoir.
Nous ne devons donc plus ignorer que des fouilles ont été effectuées en 1858 et 1866, puis reprises en 1880 dans des monticules de pierres aux lieux-dits « Merger aux Moines » et « la Collerette », à cheval sur les communes de Montillot et Brosses. Plusieurs squelettes humains ont été mis à jour, avec des bracelets et des anneaux de jambes en bronze.
Certains tumulus recélaient plusieurs inhumations, séparées par des grandes pierres plates enfoncées debout dans le sol, délimitant des cellules individuelles.
Sur Brosses, au lieudit « Dîne-Chien », on avait trouvé 40 tumulus espacés de 30 à 40 mètres ; 50 autres à la « Grande Pièce ». Certains avaient, de toute évidence, déjà été explorés en des temps plus anciens. On en a trouvé aussi dans le « Bois du Tartre » ; le mot « tartre » résulte évidemment de la déformation verbale du mot « tertre », dont la signification funéraire est « éminence de terre recouvrant une sépulture ».
Mr de LENFERNAT, qui fut maire de Montillot de 1860 à 1870, a participé jusqu’en 1880 à ces fouilles avec son gendre Mr de MONTIGNY, et a confié un certain nombre d’objets trouvés au musée d’Auxerre. D’autres ont été remis aux musées d’Avallon et de Troyes. Dans l’inventaire du musée d’Avallon paru dans le bulletin de la S.E.A. de 1879, on note, entre autres, « un anneau trouvé sous un tumulus (de Rochignard) par Mr CARILLON Félix » (Il s’agit de Félix-Célestin (1855-1904) cultivateur et maire-adjoint de Montillot, père d’Auguste-Joachim, tué au front en 1914, et grand-père d’un autre Félix (1910-1951)).
Des recherches aussi fructueuses ont été faites à cette époque dans plusieurs villages environnants.
L’abbé PARAT cite le chiffre de « 178 tumulus de petite et moyenne dimension sur Bois d’Arcy », et d’autres dans les bois d’Avigny et de Lac-Sauvin.
Les revues scientifiques B.S.S.Y. et B.S.E.A. relatent les fouilles des Rouesses près de Châtel–Censoir et de Montoison, près d’Annay-la-Côte (1880).
Un peu plus tard, l’abbé POULAINE en 1913 et Mr COROT en 1928 ont exploité des tumulus près de Mailly-le-Chàteau.
Des découvertes semblables ont été faites dans le Morvan ; les spécialistes du Musée de St Germain en Laye, consultés à l’époque, ont attribué les objets trouvés, partie au 1er âge du fer(civilisation de Hallstadt – -1200 à -500), partie au 2ème âge du fer (période de la Tène, ou « époque gauloise »).
NOTA : ce sujet a été récemment traité en détail apr MM Pierre NOUVEL et Bernard POITOUT dans un article du BSEA (152émé année- 2010) paru courant 2012) intitulé « Les nécroploles préhistoriques de l’Avallonnais. Apport des découvertes anciennes et récentes ». A partir des découvertes des 19ème et 20ème siècles, plus de 170 nécropoles y sont repérées (cf pages 15 à 49 et abondante bibliographie).
b- Autre coutume funéraire, le « Champ d’urnes »
Nous avons vu plus haut que, près de St Père-sous-Vézelay, René LOUIS a mis au jour entre 1937 et 1939 des sépultures, constituées en fait d’urnes contenant des ossements humains, des bracelets de bronze et des flèches néolithiques.
Il les a identifiées comme datant de la période entre âge du bronze et âge du fer. Un peuple probablement originaire de Hongrie aurait remplacé les tumulus par les urnes vers -1200 à -1000 et serait venu ensuite en Allemagne du Sud puis, par la trouée de Belfort, vers la Nièvre, les Cévennes et le Tarn , où l’on trouve d’autres champs d’urnes.
III – L’habitat des Celtes
Du nombre de tumulus retrouvés dans notre région, on peut déduire qu’y vivait une population relativement dense.
Dans quelles conditions ?
Nous savons peu de choses sur l’habitat des Celtes dans les campagnes, qui a laissé peu de traces. On cite des fouilles -près de Villeneuve d’Ascq, de Chamalières et de Compiègne…-,qui ont fait apparaître sous des constructions ultérieures – gallo-romaines le plus souvent – des restes de structures en bois, paille et torchis . Leur fragilité explique leur disparition à la surface du sol.
4 – Les gaulois
On ne connaît pas l’origine exacte du mot « Gaulois ».
C’est le militaire romain, politicien et écrivain Caton l’Ancien, qui vers -168 aurait appelé « Gaulois » les tribus celtes qui avaient alors envahi la plaine du Pô.
Les historiens, pour les derniers siècles précédant notre ère, considérant que les envahisseurs celtes se sont peu à peu « amalgamés » avec les autochtones, parlent de « Gaule celtique »… Ils la décrivent comme un « pays d’alternances de forêts, de plaines cultivées, de bocages, et de quelques cités fortifiées – les « oppida », le tout sillonné de routes, pour certaines empierrées ».
L’oppidum de Bibracte, situé au Mont Beuvrey, à la limite de la Nièvre et de la Saône-et-Loire actuelles, – à 70 km environ au SSE de Montillot -, était la capitale du peuple Gaulois desEduens. Les fouilles de cette cité ont mis en évidence une structure urbaine élaborée, avec des quartiers et de riches demeures.
Dans les campagnes, l’archéologie aérienne aurait mis en évidence de nombreuses petites fermes.
Il y avait en Gaule un artisanat de luxe, produisant des objets en bronze, des armes en fer, des bijoux en or ; et aussi un artisanat commun, avec des potiers et des forgerons locaux. Leurs techniques s’inspiraient souvent de celles de la Grèce et de l’Italie.
L’archéologue-écrivain avallonnais Claude ROLLEY (1933-2007), professeur à l’Université de Bourgogne, a analysé le commerce du temps des Gaules ( du 7ème au 5ème siècle avant J-C), et en particulier les voies importantes et les « portes » d’entrée d’objets artistiques venant des pays méditerranéens, à savoir Marseille et les cols des Alpes.
Un exemple remarquable d’importation artistique dans notre région est le « Vase de Vix ».
Il a été trouvé en 1953 – à 74 km au N-E de Montillot -, près de Châtillon sur Seine , sous un tumulus arasé, dans latombe d’une princesse gauloise, étendue sur un char d’apparat et ornée de tous ses bijoux. A côté de bassins de bronze d’origine étrusque, d’un torque en or de 480 g, il y avait ce grand vase de bronze de 1100 litres, du type « cratère à anses et volutes », décoré de frises. Il a été attribué à des bronziers grecs du 6ème siècle avant J-C. On peut le voir au Musée de Châtillon.
La fin de la « protohistoire »
Les historiens ont convenu de fixer la fin de la période de la Tène au début de la « Guerre des Gaules » (-58). On sait que cette conquête se termina en 52 avant J-C par la victoire de Jules César sur Vercingétorix à Alesia, dans l’actuelle proche Côte d’Or, à moins de 60 km à l’est de Montillot.
Comment se sont donc détériorés les rapports des Celtes et des Romains ?
Il faut savoir qu’au 4ème siècle avant J-C, les Celtes occupaient l’Italie du Nord (« la Gaule cisalpine »). En -390, après avoir assiégé une ville de Toscane, ils sont allés piller Rome…
Au Sud de la France actuelle, alors occupée par les Celtes, il y avait un port, appelé Massilia (future Marseille), créé en -600 par des colons grecs venus de Phocée en Asie-Mineure.
Ce port était devenu un important carrefour commercial entre les pays du sud – Grèce, Asie mineure et Egypte – (par la mer), et ceux du Nord, par le Rhône et la Saône.
Les tribus celtes voisines, – les Celto-Ligures en Provence –, enviaient ces richesses et attaquaient Massilia par mer et par terre.
A partir de -180, Massilia appelle les armées romaines à l’aide. Celles-ci en profitent pour créer en -121 la première province romaine hors d’Italie, la Narbonnaise.
Sous ce même prétexte d’assistance, Jules César entreprend ensuite, à partir de -58, de soumettre la Gaule septentrionale..
C’est César lui-même qui a raconté cette conquête dans les « Commentaires sur la Guerre des Gaules » (« Commentarii de bello gallico »). Il y présente cette invasion comme un acte de défense préventive ; ce faisant, n’en cache-t-il pas quelque peu le côté impérialiste ?
Le point positif, pour nous, aujourd’hui, c’est que nous avons là, la première description écrite de la Gaule et de ses habitants…Merci, César !